C’est Von Recklinhausen qui a décrit initialement le mastocyte en 1863 mais, quelques années plus tard, Paul Ehrlich décrivit plus en détail la morphologie de ces cellules métachromatiques et leur dégranulation et c’est également qui leur donna leur nom actuel. Pensant que les granules cytoplasmiques correspondaient à des produits de phagocytose et considérant les granules comme le reflet de la richesse nutritionnelle locale, il les baptisa « mastzellen » pour « cellules bien nourries » ; « mastzellen » est devenu « mast cell » en Anglais et « mastocyte » en Français. Les mastocytes dérivent de la moelle osseuse et, dans la peau, sont absents de l’épiderme et sont présents dans le derme avec une densité de 7000 à 20000 par mm3. Ils sont préférentiellement localisés à proximité des vaisseaux sanguins, des corpuscules nerveux, et des annexes épidermiques (follicules pilo-sébacés et glandes sudorales.
En microscopie optique, le mastocyte est une cellule mononucléée de 8 à 20 µm de diamètre, avec une forme variable (ronde, ovalaire, polygonale, étoilée ou fusiforme), avec de nombreuses expansions cytoplasmiques ; son noyau est souvent central et relativement important (jusqu’à 50 % du volume de la cellule) avec un ou deux nucléoles. Son cytoplasme est basophile ou incolore rempli de très nombreuses granulations colorées en violet foncé par la coloration de May-Grunwald Giemsa. A la différence des autres cellules du tissu conjonctif (fibroblaste , par exemple), les organites comme les mitochondries, le réticulum endoplasmique et les ribosomes libres sont rares. Par contre, l’appareil de Golgi est bien développé car il est responsable de la synthèse et de l’organisation des granules mastocytaires. Ces granules (d’un diamètre de 0.2 à 0.6um) sont limités par une simple membrane périgranulaire et leur morphologie varie en fonction de leur degré de maturation et de l’espèce animale considérée (forme amorphe, granulaire, filamenteuse, lamellaire, ou paracristalline). Les mastocytes humains montrent des structures lamellaires concentriques et d’éventuelles configurations cristallines. La présence de ces granules et leur composition font du mastocyte un unité exocrine à part entière.
Le mastocyte a de nombreuses ressemblances structurales et fonctionnelles avec le granulocyte basophile qui dérive comme lui d’un même précurseur commun myéloide et posséde comme le mastocyte des granulations métachromasiques dans son cytoplasme. Toutefois, leur inter-relations sont mal comprises. Contrairement au mastocyte, les basophiles achèvent leur maturation dans la moëlle osseuse, puis circulent dans le sang pour finalement mourir dans les tissus. Le basophile perd son potentiel de prolifération, une fois sa maturation acquise. A l’inverse, le mastocyte peut proliférer et se différencier dans les tissus périphériques.
Les fonctions des mastocytes sont liées essentiellement aux propriétés de leurs granules. Ceux-ci sont composés de médiateurs préformés comme l’histamine , l’héparine, des facteurs chimiotactiques, des protéases et des glycosaminoglycannes (héparine, sulfate de chondroitine). Suite à la libération de ces derniers, des médiateurs néoformés, essentiellement des métabolites de l’acide arachidonique et le PAF (pour Platelet Activating Factor) vont être sécrétés. Les premiers comme l’histamine, participent à la phase immédiate de la réaction, tandis que les facteurs néoformés permettent la mise en place d’une phase tardive et accentuent l’action des médiateurs préformès en recrutant les cellules de l’inflammation (éosinophiles, neutrophiles, monocytes, lymphocytes, et plaquettes sanguines ). Les mastocytes libèrent également un ensemble de cytokines (GM-CSF, IL-3, IL-4, ...) qui vont amplifier ou moduler l’inflammation.
Les mastocytes expriment à leur surface le récepteur de haute affinité des IgE, et l’activation du mastocyte qui aboutit à sa dégranulation, peut être induite par l’aggrégation de ces récepteurs par des complexes IgE-allergènes. Indépendamment de cette dégranulation liée aux IgE, certains facteurs sécrétés par des lymphocytes T peuvent induire, en présence de l’antigène, une libération de médiateurs par le mastocyte. En particulier, un facteur nommé HRF (pour Histamine Releasing Factor) pourrait amplifier de façon non spécifique les réactions d’hypersensibilité de type I en induisant la libération d’histamine.
Les mastocytes sont impliqués dans de nombreuses dermatoses dont les plus connues sont : l’urticaire, l’allergie de contact, la dermatite atopique et le psoriasis.
Bibliographie
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