Biologie de la peau

hydroquinone

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C’est en 1936 qu’Oettel.H observe un éclaircissement des poils chez des chats noirs dont l’eau de boisson était additionnée d’hydroquinone : l’action dépigmentante de l’hydroquinone était découverte ! Cette molécule est utilisée en thérapeutique, depuis 1961, dans les hypermélanoses acquises (mélasma, lentigos séniles). Son efficacité est proportionnelle à sa concentration (on l’emploie à des concentrations comprises entre 2 et 5%, voire 10%).

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Formule chimique de l’hydroquinone

En ce qui concerne son mécanisme d’action, l’hydroquinone est capable de diminuer le contenu épidermique en mélanine   par inhibition compétitive de la tyrosinase. Par ailleurs, elle induit des altérations mitochondriales et des dégradations des mélanosomes   dans les mélanocytes  .

Depuis le 1er janvier 2001, les produits contenant de l’hydroquinone ne peuvent être délivrés que sous contrôle médical. Une directive européenne interdit en effet l’utilisation de l’hydroquinone dans les cosmétiques dépigmentants  . Seul son usage dans les teintures capillaires reste autorisé, à une concentration maximale de 0,3 p. 100. La décision européenne a été motivée par le potentiel carcinogénétique de l’hydroquinone, qui est un dérivé du benzène.

Dans la pratique, et dans des conditions d’emploi normales, le risque lié aux applications locales serait pourtant faible ou nul. La directive ne précise pas si l’interdiction de l’hydroquinone s’applique aussi à ses éthers (monobenzyléther, monométhyléther, monoéthyléther).

Cependant, l’hydroquinone est encore prescrite dans des préparations magistrales. Elle est souvent associée à la trétinoïne et à des corticoïdes (trio dépigmentant). C’est le principe de la formule bien connue de Kligman, dont plusieurs études contrôlées ont prouvé l’intérêt : [8]

— hydroquinone 5 p. 100 ;
— acide rétinoïque 0,10 p. 100 ;
— acétate de dexaméthasone 0,10 p. 100 ;
— onguent hydrophile.

Certains y adjoignent 0,20 p. 100 d’acide ascorbique  , comme anti-oxydant, ou remplacent l’onguent hydrophile par un mélange d’éthanol et de propylène glycol à parts égales. Cette préparation est assez instable : le pharmacien doit la conditionner en limitant autant que possible le contact avec l’air. Elle sera conservée au frais et à l’abri de la lumière. L’apparition d’une couleur brune est un signe d’oxydation. La préparation est à renouveler après un mois.

On l’applique deux fois par jour, pendant au moins douze semaines. Un traitement d’entretien est ensuite nécessaire. Elle serait davantage active sur le mélasma, les éphélides et les lentigos actiniques que sur les hyperpigmentations post-inflammatoires et les taches café-au-lait.

Il est nécessaire de respecter des conditions d’utilisation particulières pour l’hydroquinone : utiliser un dosage faible en première intention, appliquer de petites quantités de produit sur de petites surfaces, éviter les applications trop fréquentes, limiter la durée d’utilisation. Éviter également l’exposition au soleil pendant le traitement et utiliser un produit anti- solaire pendant et après le traitement. L’usage est contre-indiqué chez l’enfant de moins de 12 ans.

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Formule chimique de l’hydroquinone et de ses dérivés

Le seul dérivé d’hydroquinone commercialisé en France est le méquinol (DCI) ou monométhyl éther d’hydroquinone (MMEH). Après application   locale, il est oxydé en radicaux libres toxiques qui endommagent, de manière sélective, la membrane des lipoprotéines des mélanocytes. D’autre part, la synthèse de mélanine est inhibée par la liaison du principe actif à l’enzyme tyrosinase. On a décrit comme effets secondaires des phénomènes irritatifs, des sensibilisations allergiques, ainsi que quelques hyperpigmentations paradoxales. L’aspect des zones traitées est quelquefois inesthétique, avec une dépigmentation en confettis. Exceptionnellement, une hypomélanose peut être observée à distance du site d’application.

Le méquinol   est indiqué pour les hyperpigmentations cicatricielles,post-traumatiques, post-inflammatoires, phototoxiques, médicamenteuses, ainsi que pour les éphélides. Il ne sera pas employé avant l’âge de 12 ans, ni par principe chez les femmes enceintes ou qui allaitent. On commence par l’utiliser deux fois par jour ; la fréquence d’application diminue ensuite parallèlement à l’amélioration clinique. Son effet est transitoire. Après obtention d’un résultat satisfaisant, la poursuite d’une application hebdomadaire est nécessaire pour éviter une repigmentation plus ou moins rapide. La durée totale de traitement ne devrait pas dépasser quatre mois et la surface de peau traitée ne pas dépasser plus de 10 p. 100 de la surface corporelle. Comme avec les autres dépigmentants, une photoprotection locale rigoureuse est indispensable.

Sont enregistrés comme médicaments (non remboursés) :

— Leucodinine B® pommade à 10 p. 100 (AMM 1962, validée 1996) ;
— Any® pommade à 8 p. 100 (AMM 1987, validée 1996) ;
— Crème des trois fleurs d’Orient® pommade à 5 et 10 p. 100 (AMM 1998) ;
— Clairodermyl® pommade à 5 et 10 p. 100.

Il bénéficie d’une AMM depuis 1962 (Leucocidine B®, Any 8% pommade®).

Articles

Les produits dépigmentants

jeudi 14 avril 2016 par Eve Oualid-Bokobza

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