Dans son sens le plus large, le terme « régénération » désigne tous les phénomènes de réparation au cours desquels un individu retrouve son intégrité. C’est le remplacement par l’organisme d’une partie perdue spontanément, accidentellement ou expérimentalement. La cicatrisation peut dans une certaine mesure, être considérée comme une modalité de la régénération au sens large. La régénération, au sens strict, correspond à la restauration à la fois de la fonction et de la forme d’un organe lésé ou amputé.
Chez les animaux pluricellulaires individualisés de structure simple, tels que les éponges, les mollusques, etc..., la régénération est un phénomène fréquent et rapide. Par contre, la régénération est plus rare chez les êtres plus évolués. Les insectes, les poissons, certains amphibiens, et le lézard ne régénèrent que leurs membres ou/et que leur queue. Enfin, chez les oiseaux et les mammifères, la régénération est limitée à un petit nombre de tissus, tels que la moelle osseuse, le foie, l’os, et la partie superficielle de la peau. Ainsi, alors que régénération et cicatrisation vont de pair chez beaucoup de vertébrés, elles représentent généralement deux phénomènes distincts.
En ce qui concerne la peau humaine adulte, la distinction entre régénération et cicatrisation est, comme nous allons le voir, plus subtile. La peau est constituée de deux tissus : le plus externe, l’épiderme , reposant sur un tissu conjonctif vascularisé, le derme . Dans l’épiderme, qui comprend plusieurs couches de cellules, la couche externe est formée de cellules mortes qui desquament et sont constamment remplacée à partir des cellules de la couche basale qui prolifèrent. Donc, dans les conditions physiologiques normales, l’épiderme, comme tous les épithéliums, est en constant renouvellement. D’autre part, lorsqu’accidentellement, les parties supérieures de l’épiderme sont lésées à la suite, par exemple, d’une brulure ou d’une abrasion légère, la portion détruite est régénérée grâce à une prolifération accélérée des cellules épidermiques basales.
Dans le cas de lésions plus profondes où la majorité ou la totalité de l’épiderme et du derme est lésée, c’est un autre phénomène qui intervient : la cicatrisation. Ce processus physiologique complexe, qui fait intervenir un grand nombre de types cellulaires différents, a pour effet la destruction des tissus nécrosés et la réparation des pertes de substance. Dans ce cas, le derme détruit est remplacé dans un premier temps par un tissu conjonctif fibreux provisoire qui, par la suite, sera lui-même remplacé par un néoderme . Le tissu conjonctif fibreux est rapidement recouvert par un épiderme régénéré qui retrouvera l’intégrité de sa fonction avec la formation du néoderme. Au final, on observe tout d’abord une simple réparation du tissu cutané puis dans un deuxième temps, une véritable régénération du tissu lésé.
Après fermeture des brèches vasculaires par des clous plaquettaires et de la plaie par la croute lors de la phase vasculaire de la cicatrisation puis nettoyage de la plaie lors de la phase inflammatoire, une nouvelle étape va démarrer pour colmater définitivement la brèche cutanée et réparer le tissu. Cette phase qui débute environ 4 jours après la création de la plaie est dite « phase de prolifération et de réparation ». Elle aboutit à la reconstruction de l’épiderme au-dessus d’un tissu conjonctif transitoire, lieu de profondes et rapides transformations et dénommé, le tissu de granulation ; celui-ci sera lui-même remodelé selon un processus assez lent en un néoderme , lors d’une phase dite de remodelage.
Dans un article précédent La phase vasculaire de la cicatrisation cutanée, nous avons vu que suite à une lésion cutanée avec rupture des vaisseaux superficiels, on observe une réaction locale immédiate, l’hémostase , qui est accompagnée d’une vasoconstriction rapide, et qui a essentiellement pour but l’arrêt du saignement . Le sang qui s’est échappé des vaisseaux endommagés vers le tissu environnant va coaguler et former la croute qui va isoler provisoirement le tissu cutané lésé de l’environnement. Dans l’article qui suit, nous décrivons la phase inflammatoire du processus de cicatrisation cutanée qui a pour but majeur d’empêcher l’infection, de nettoyer la plaie des débris cellulaires et de préparer la phase de reconstruction.
La phase vasculaire est la réponse immédiate de l’organisme lors du processus de cicatrisation d’une plaie cutanée. Elle a essentiellement pour but l’arrêt du saignement également dénommé hémostase. Elle s’accompagne d’une vasoconstriction rapide qui favorise l’hémostase. Le sang qui s’est échappé des vaisseaux lésés vers le tissu endommagé va coaguler et former la croute qui va isoler provisoirement le tissu cutané lésé de l’environnement.
L’origine des cellules endothéliales dans le greffon après la transplantation est depuis longtemps un sujet de débat. Il n’était pas clairement établi si la vascularisation du greffon se réalisait par pénétration de nouveaux vaisseaux en provenance du donneur (néovascularisation), par simple abouchement des vaisseaux de l’hôte avec ceux du transplant (anastomose) , ou par combinaison de ces deux mécanismes.
Dans cet article, nous rapportons les résultats de l’étude que nous avons faite de la cicatrisation de la peau humaine transplantée sur la souris « nude », après création d’une plaie dermo-épidermique au centre du greffon. Nous allons voir que la peau humaine transplantée est capable de reconstruire les trois compartiments qui la constituent, c’est à dire l’épiderme , le derme , et la jonction dermo-épidermique . De plus, nous montrerons que l’utilisation des anticorps spécifiques d’espèce a permis de confirmer que la membrane basale située à la jonction dermo-épidermique est produite par les kératinocytes de l’épiderme mais probablement également par les fibroblastes du tissu conjonctif sous-jacent. Nous verrons également comment, il a été possible de dissocier clairement deux étapes dans la reconstruction du tissu conjonctif en montrant que le tissu de granulation est un tissu transitoire produit par des cellules également transitoire, les myofibroblastes, qui ne sont pas des cellules issues du derme environnant non lésé. Le tissu de granulation sera finalement remplacé par un néoderme humain produit par des cellules humaines issues du derme voisin non lésé. Le modèle de la peau humaine transplantée sur la souris nude apparaît donc comme un excellent modèle pour étudier la cicatrisation de la peau humaine.
fr CONSTRUIRE LA PEAU Régénération et cicatrisation de la peau ?
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